mercredi 3 septembre 2008

Sainté - OL : 0-1

Tout comme l'an dernier, le premier derby de la saison a eu lieu avec les derniers feux du mois d'août. Comme les rapports sont courtois entre stéphanois et Lyonnais, l'ordre de réception a été inversé, comme s'il s'était agi de rendre une politesse. D'ordinaire, j'ai tendance à penser qu'un derby mérite d'être placé plus tard dans la saison, en septembre ou octobre, afin de pouvoir lire déja une tendance dans le parcours des clubs, faire monter la pression et avoir l'occase de "préparer" le match lors d'un ou deux matches de reprise juste avant. Que nenni... après un match d'ouverture face à Toulouse, je n'ai pas eu le courage de retourner une troisième fois à Lorient, je n'ai pas raté grand chose d'un point de vue ambiance du côté du premier "derby" régional face à Grenoble puisque le Sud était en grève, officiellement en mémoire des deux MTP tués sur la route du Havre.

Il faut croire que l'ambiance des vacances apaise les organismes stressés tout le reste de la saison : d'ordinaire, la contrainte de partir 4heures avant le match pour un déplacement à 50 bornes de Lyon, en bus, escortés par des forces suffisamment nombreuses pour convertir l'Afghanistan entier au Christiannisme, me met hors de moi. D'ordinaire...

Là, arrivé au dernier carat, j'ai eu plaisir à retrouver les copains dans un car non fumeur (putain, on vieillit !), le trajet n'a pas été trop long, les stéphanois à l'arrivée, à peine désobligeants. Derby aseptisé, les Green Angels ont bien raison !

Sortie des bus vers 19h... on se fait tancer par le Commissaire Avilès qui n'a pas apprécié que le chauffeur de notre bus pile au milieu du convoi à cause de l'effet conjugué d'une odeur de clope et d'une insubordination de la part de quelques énergumènes. En rase campagne, les CRS avaient chaussé alors les casques et avaient acouru matraque au poignet pour s'enquérir de la raison de cet arrêt brutal.
Au moment de passer la fouille, je trouve la police plus détendue qu'à l'accoutumée (moins constituerait un sacré exploit) : les drapeaux estampillés Cosa Nostra ou Cosa Nostra Lyon passent sans problème (contrairement à la finale de la Coupe de France). Toutefois, un étendard noir représentant la silhouette de Benzema en train de mimer un tir à la carabine après un but restera à quai au motif du dessin "ambigu"... "Mais c'est Benzema, M'sieur ! - Je veux pas le savoir ! c'est ten-dan-cieux !"

Une fois tout le monde entré, les contacts vocaux avec le kop nord et les Magic sont tendus mais sans débordement notable, cela tenait plus du folklore, de la figure imposée, que de la haine et de la hargne. Saleté de derby aseptisé, j'te jure. Vers 20h, le ciel qui n'avait cessé de s'assombrir depuis notre arrivée finit par nous tomber tout entier sur le coin de la gueule... en l'espace de quelques secondes nous nous retrouvons pas moins trempés qu'au sortir d'une piscine. Les mauvaises langues diront qu'en ces terres de peu de civilisation le ciel remplace parfois l'hygiène approximative des locaux, mais malheureusement le vent fait s'abattre le déluge sur la latérale, pas sur le kop nord. Pour autant, les Lyonnais présents sur la grille s'accrochent à celle-ci et les chants continuent de plus belle dans une ambiance surréaliste : trempés jusqu'aux os, torse nu pour la plupart, dans la douceur d'un mois d'août à l'agonie, tout cela est supportable. Apparemment les intempéries permirent de brasser les supporters de l'OL ce qui semble avoir harmonisé l'ambiance dans tout le parcage. Malgré les litres d'eaux qui s'abattirent en un rien de temps, la pelouse ne se trouva en apparence pas affectée (le drainage par les galeries minières, qui sait ?) et l'échauffement commença avec l'accalmie.

Les deux équipes furent accueillies par des tifos en bande plastique sur les kops nord et sud ainsi qu'en parcage Lyonnais. Le Kop sud exhiba à nouveau la tête de Cochise (ou Géronimo, je ne sais jamais) pour un résultat assez probant. Côté nord, on avait opté pour l'inscription "sainté" calligraphié façon sweat de racaille / Santa Barbara : goût douteux (peut-on vraiment leur en vouloir ?) et résultat ("rendu" comme dit dans le milieu) des plus quelconque. Les BG et la Cosa avaient confectionné une voile en bande plastique ornée d'un chevron rouge et bleu avec l'inscription LYON en haut et les blasons des deux groupes plus bas. Le résultat fut très satisfaisant (on m'a dit du côté du Sud que la maîtrise BG pour l'élaboration des tifos avait de quoi impressionner).

Des milliers de lignes et le match n'a toujours pas commencé... je sais je sais... Mais vu qu'à sainté, on se concentre surtout sur l'ambiance, je serais bien incapable d'en faire un compte rendu détaillé ou pertinent. Rappelant ici la ligne éditoriale de ce modeste blog, je me bornerai à évoquer l'impression d'un supporter depuis sa tribune. Donc : OL "bien en place" peu d'occases (2 de part et d'autres à peu près), un milieu verrouillé côté Lyonnais, notamment pour aider une défense totalement remaniée par rapport à ce qu'on peut penser être sa défense titulaire :

Reveillère - Boumsong - Bodmer - Kallstrom
en lieu et place de
Clerc - Mensah - Cris - Grosso

Dans un match fermé, quand on prend l'option de gérer l'incertitude au maximum et de ne pas laisser d'espace, il convient d'avoir un faiseur de miracle pour vous permettre d'emporter la décision. Si Juninho n'a pas connu beaucoup de réussite avec ses coups de pied arrêtés, il fallait s'en remettre à Benzema (le père Noël du match aller)... Sur une remise d'Ederson (que j'aimerais bien voir enfin à son avantage), Benz enroula une frappe de malin de l'extérieur de la surface dans le petit filet de Jody Viviani (un bon nom de stephanois...) aux alentours de l'heure de jeu. Alors que l'ambiance était sympa (un stade qui résonne, ca change tout !!) l'intensité sonore baissa sérieusement et le parcage Lyonnais qui n'avait pas faibli du match eut l'opportunité de se faire entendre plus souvent. Benzema a décidément fait un mal fou aux verts l'an dernier lors de son égalisation de la dernière minute : l'abattement, la résignation et le dépit gagnèrent vite le terrain et les tribunes locales. Il semble désormais acquis que sainté ne gagnera plus jamais un derby. :-)
A la fin du match, alors que les poussées stéphanoises se révélèrent anecdotiques, les joueurs vinrent parader devant le parcage Lyonnais en fusion prolongée depuis le début du match. La joie de l'équipe faisait plaisir à voir, il semble que la notion de groupe tienne moins de la vue de l'esprit cette saison que lors de la dernière... et c'est tant mieux. Le match fut géré comme il convient de gérer un match à Sochaux ou Lorient : sérieusement et sans affolement.

L'un des souvenirs du match restera la bronca pour l'entrée en jeu de Piquionne, qui fut à deux doigts de calmer tout le monde sur son premier ballon expédié dans le cadre d'une frappe incroyable et sur laquelle il fallut sortir le grand jeu pour Viviani.
Côté banderoles, rien à Lyon et la confirmation que si côté steph', la maîtrise du tifo est indéniable, la créativité dans les banderoles reste bridée par cet esprit gaga un rien étroit... Les greens s'emportèrent donc contre le "derby aseptisé" oeuvre d'un complot LFP - Lyonnais (ben voyons !), rien de notable chez les gics, tout juste spécifièrent-ils à Piquionne qu'ils ne l'avaient jamais considéré comme un "vrai stéphanois". Le compliment (c'en est un, non ?) a du lui aller droit au coeur !!

Retour à une heure du mat' à Lyon et courte nuit... Certains matches aident quand même beaucoup à tenir le coup le lendemain au taf.

Ci joint la video du but de Benzema...




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