lundi 11 août 2008

Lyon au mois d'août

Lyon au mois d'août a de drôles d'allures... les troquets qui promettent des terrasses ombragées pour jouer aux boules affichent des volets clos qui semblent trahir le désir passager d'aller y prendre un verre avec des amis (qui de toutes façons ne sont pas là), profiter des beaux jours en essayant de ne pas trop prêter attention aux jours qui déclinent déjà sérieusement et au compte à rebours de la rentrée qui a commencé. Août est un mois étrange à passer dans une ville comme Lyon, il est empreint de résignation, d'attente et de passivité. C'est un mois qu'on subit dans pareils lieux puisque personne n'est là pour partager quoi que ce soit avec vous et que les projets et les espoirs formulés à la lumière crue du printemps se sont noyés dans le tintamarre de juin et juillet. En août, m'étreint toujours l'impression d'une chance qui serait passée, d'un "trop tard" pas plus violent qu'un haussement d'épaules. On est seul en août. Déjà, au lycée, on s'y rendait compte qu'on n'avait pas embrassé celle pour laquelle on s'était persuadé que les mois de mai et de juin seraient les plus propices pour tisser des liens au bord d'une piscine en soirée, au détour d'une glace sur un quai. Qui sait si elle, a l'impression de perdre son temps en ce moment ?

En août, même Bernachon n'est plus, on ne distingue en devanture, à travers les alvéoles de la grille, qui vous rappelle depuis déja plusieurs dizaines de mètres le congé annuel, que deux panneaux en argent sortis d'un palace de Normandie, d'un univers de Proust, des espèces d'ostensoirs qui précisent la date de la réouverture de l'établissement et remplacent les traditionnels "Présidents" avec leur choucroute maltaise de chocolat qui ne m'ont jamais fait envie : impression aussi indigeste qu'une image de politique française des années 70. "Les jours ne sont beaux que par leur lendemain" nous est il enseigné dans "La Gloire de mon Père" : Août et ses privations, août ou l'annonce de septembre...
Le championnat a repris samedi pour le commun des mortels, ceux qui pensent qu'à "chasser le Lyon", comme dit Le Torchon. Pour nous, il n'a repris qu'hier avec un match contre Toulouse. Quelle drôle d'idée pour les gens du Sud de venir à Lyon pour jouer un match en août. L'idée me semble complètement saugrenue et c'est sans doute idiot de ma part.
Le premier match de la saison reste en ce qui me concerne presqu'une tradition, je l'ai raté l'an dernier et je m'en voulais. C'est étrange de commencer et de finir face à la même équipe, mais je trouve que c'est l'une des rares bonnes idées de la première division. De celles qu'on pourrait nous envier à l'étranger. C'est parfaitement anecdotique et en cela symptômatique de ce qu'est la L1.
Il fut un temps où l'OL ne gagnait jamais le premier match de la saison, cela constituait un genre de tradition que les journalistes aimaient qualifier de malédiction, surtout quand Guingamp égalisait dans les dernières secondes comme en 2002. Depuis 2004, on gagne systématiquement je crois ce premier match. En 2003, pour clore la série, Makoun avait permis à Lille de battre l'OL en marquant le seul but du match à Grimonprez-Joris (certainement une dernière pour l'OL là bas aussi), hier il a ouvert le score pour l'OL et Lyon a "déroulé" contre une faiblissime équipe de Toulouse.
Les points pris aujourd'hui auront beau peser aussi lourd dans le décompte final que ceux de mai, on a encore l'impression que tout cela est virtuel. C'est en tout cas mon point de vue, comme si, persuadé du potentiel de l'OL, il ne semblait pas si urgent de débuter la course sur les chapeaux de roues. On a l'habitude depuis 10 ans d'attendre le mois d'août pour récupérer une pointure. Cette saison, ce seront des pointures latérales pour épauler les côtés de la défense qui a déja commencé à beaucoup morfler : hier Clerc en a pris pour 6 mois en se massacrant un ligament seul et proprement, Mensah sur le flanc, Cris en soins préventifs. Que quelqu'un se dévoue pour gravir Fourvière et déposer quelques cierges pour ceux qui restent. Toujours être prévenant pour ceux qui restent... surtout en août.
Les matches d'août sont paradoxalement frustrants (une frustration d'impatience qui contraste avec celle des regrets que j'évoquais précédemment) parce qu'il est difficile d'en tirer des enseignements pour la suite des évènements, quelques indications tout au plus. Pour autant, il n'est pas interdit de prendre plaisir à aller au stade, bien au contraire, ce re-commencement a quelque chose d'enfantin, un plaisir sans trop d'arrière pensée : trouver enfin un endroit vivant à Lyon, aller au stade sans la précaution d'un pull pour la fin de soirée, parler des vacances, tirer les premiers plans sur la comète de la saison et voir des gens bronzés. Hier soir, au Virage Sud, les stadiers semblaient plus nombreux à cause du maillot "gilet de sécurité" qu'on nous destine pour la Coupe d'Europe et que certains se sont empressés d'acquérir. Le groupe paraissait vraiment famélique : vacances et interdictions de stade administratives ont fait un sacré ménage dans les rangs ! Ambiance d'août, enthousiasme certain et chants en rodage : j'avais l'impression d'en avoir oublié les deux tiers, pas moins ! Un match en roue libre, pas de tension... victoire sans avoir le temps d'entrevoir un doute (Makoun /Benzema / Benzema).

Et puis, passé minuit, Gerland a repris son calme impérial du mois d'Auguste.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que le mois d'août à Lyon est morose ; surtout quand, comme aujourd'hui, il ressemble à novembre. Je vais peut-être me ragarder "Funny Games" pour me détendre un peu ce soir...

Leaozinho a dit…

Funny Games pour se détendre ?! rien de tel en effet !!